Passe moi le sel !

Allez. Haut les cœurs. Enfin toute seule. Aisling regarda autours d'elle, un sourire satisfait flottant sur ses lèvres. Elle avait enfin terminé, enfin créé son véritable chez elle. Depuis le temps qu'elle vivait avec cette vieille folle qui lui servait de tante, le soulagement était immense. Vivre seule. Pouvoir manger à quatre heures du matin. Et rentrer encore plus tard. Oh, la belle vie. Un peu plus, et elle aurait presque remercié les cieux. Mais encore aurait-il fallut que sa foi aille dans cette direction, et elle ne croyait qu'en une seule chose : la musique. Enfin, toujours est-il que la jeune femme s'écrasa sur son canapé récupéré chez un cousin, anciennement vert pomme, devenu vert louche, posa ses pieds chaussés de bottines noires sur la table basse en bois (en réalité, une plaque de bois montée sur roulette, rien de plus), et alluma une cigarette. Elle jeta la tête en arrière, ferma les yeux, et tira longuement sur son bâtonnet de la mort, avant de souffler tout aussi longuement les volutes blanches qui détruisaient ses poumons. Elle ne pouvait rien demander de mieux.
Ou si, en fait. Subitement la jeune femme ouvrit les yeux. Le sel. Ce petit ingrédient de base de tous les plats, sans lequel la vie n'a plus le même goût. Le sel. LE SEL. Sa cigarette entre les lèvres, elle se redressa sur le canapé, et se frappa le front avec force. Eh bien, sa vie d'anachorète commençait bien. Elle resta assise là un moment, fixant la table basse et le magazine de meubles posé dessus, comme s'il allait lui donner la solution à son problème. Une fois sa cigarette terminée, elle soupira longuement. Elle qui ne voulait même pas entendre parler de ses voisins, il allait bien falloir qu'elle se présente chez l'un d'entre eux. Parce qu'elle était prête à beaucoup de chose. Mais pas à rater un plat pour rien.
La jeune femme se leva donc à la volée, comme subitement électrocutée. Elle savait qu'elle ne devait pas se poser la question trop longtemps : il était déjà vingt-deux heures, et il allait bien lui falloir de la chance pour tomber sur un voisin éveillé. Elle sortit donc prestement de son appartement, s'approcha de la porte la plus proche, et tendit l'oreille. Du bruit. La télévision, la radio, quelque chose du genre. Elle grimaça, puis frappa à la porte trois coups. Puis, elle fit un pas en arrière. Hors de question de se retrouver proche d'un ou d'une inconnu(e), tout de même.

Le jeune homme était rentré de l'école après une dure journée. Dire qu'il avait failli se faire prendre la veille à fumer une substance illicite dans son propre bureau. S'il avait fallu qu'elle aille le répéter à qui que ce soit! Aujourd'hui, il n'aurait pas eu la chance d'aller travailler! Andrew avait eu sa leçon. La prochaine fois, parce qu'il y aurait une prochaine fois, il s'assurerait d'être seul pour les deux prochaines heures au moins. Il entra dans son appartement, sans remarquer quelque changement. Il se laissa tomber sur le canapé et resta ainsi un long moment, les yeux fermé. Enfin, vers 21h, il les ouvrit de nouveau, il s'était endormi. Le jeune homme passa une main dans ses cheveux puis se leva après un long soupire. Il alluma la télévision et régla le son. Ça faisait toujours un bon fond. Et puis il pourrait dire, s'il se faisait questionné, qu'il écoutait simplement la télévision. Il traversa le couloir qui menait à sa chambre puis tourna vers la pièce qui était toujours fermée à clé. Une pièce de rangement qu'il disait. Il déverrouilla celle-ci et y ouvrit. L'odeur se propagea rapidement jusqu'à son nez. En fait, tout l'appartement sentait. Les murs de la pièce étaient isolés, mais la ventilation faisait que l'odeur était diffusé. Ce n'était pas bien grave. Ça sentait moins intensément dans les pièces principales. Et puis, un petit coup de parfum de maison et le tour était joué... Pour quelques minutes en tout cas. Tout dépendant la qualité du produit qu'il avait acheté. Des plans adultes, ça sentait fort. Et pour l'instant, il n'avait pas d'autre choix. Il ne pouvait pas laisser sa plantation mourir. Il en avait pour une grosse sommes d'argent. Il arrosa ceux-ci et leur donna tous les soins dont ils avaient besoin. Cependant, il fut interrompu par quelqu'un qui frappa à sa porte. Il regarda rapidement sa montre. À cette heure?! Qui pouvait bien venir à cette heure? Le propriétaire? Non, ce n'était pas son genre. Un voisin? Ce n'était pas l'habitude de ces charmants voisins. Alors il restait une réponse. C'était un acheteur. Cependant, ces clients n'avaient pas l'habitude de passer si tard. Il fronça un peu les sourcils, sorti de la pièce, saisit son arme à feu sur le comptoir en passant par là, la tint cachée sur lui, mais prête en cas d'urgence, puis finalement, se dirigea vers la porte. La pièce où il était il y a à peine quelques secondes étaient toujours ouverte. Une lumière en sortait. Ainsi que l'odeur... L'odeur! Rapidement, il fit un tour vers la cuisine pour mettre un peu de parfum partout où il passait. Au cas où... Finalement, au bout de quelques minutes, il alla ouvrir la porte pour découvrir l'étranger qui se tenait derrière. Si celui-ci ne s'était pas impatienté. Cependant, avec le vacarme qu'il avait fait lors de ses déplacements, l'inconnu saurait sans doute qu'il y avait quelqu'un à l'intérieur. Lorsqu'il ouvrit la porte, il ne négligea pas l'ouverture de celle-ci. Prenant soins de n'ouvrir qu'une largeur de tête. Il regarda celle qui se tenait devant lui. L'examinant. Ce n'était ni une cliente, ni le proprio, ni une voisine... Du moins, pas une ancienne voisine. Il relâcha légèrement le manche de son fusil, sans toute fois le laisser complètement.
-Est-ce que.. Je peux t'aider?
Il continua de la dévisager, la porte entre-ouverte, la main sur le fusil. C'était assez provoquant comme situation. Si la demoiselle remarquait quoi que ce soit, alors elle craindrait sûrement de se faire descendre. Comme la plupart. Il tourna un peu la tête pour jeter un regard rapide vers "la" pièce.

À dire vrai, la jeune femme commençait à croire que son voisin se moquait d'elle. Non, sincèrement, un tel vacarme n'était pas anodin. Et avec le temps qu'il mettait à arriver, encore moins. Encore un malade, pensa-t-elle en fronçant les sourcils. Bon, ça devenait habituel. Entre le schizophrène à côté de chez sa tante et le vieux dégénéré à côté de chez sa mère, elle avait bien donné. Mais après tout, même les givrés avaient du sel, non ? Elle soupira à nouveau, attendant que la porte veuille bien s'ouvrir, les mains dans les poches. Elle avait envie de fumer. Cela faisait à peine quelques minutes qu'elle avait écrasé sa cigarette, mais elle avait encore terriblement envie de fumer. Et ça ne pouvait pas se décider, là-dedans ? Y a quelqu'un qui attend dehors !
Alors qu'elle était prête à tourner les talons, la porte s'ouvrit. Sur une tête. Blonde, la tête. Un voisin blond. Et jeune. Encore un adepte de la séparation des générations ? Bref. Elle leva un sourcil plus cynique qu'interrogateur. Sa tignasse était toute ébouriffée, et il ressemblait à un oiseau tombé du nid. Drôle de type. Mais elle n'était pas là pour disserter sur les airs de son voisin. Elle replaça une mèche rebelle derrière son oreille - d'ailleurs, elle pensait sincèrement se faire couper les cheveux vraiment courts, parce que cela commençait à devenir indisposant.

- Du sel. J'aurais besoin d'emprunter du sel. C'est possible ?

En prononçant ces mots, elle se rendit compte du caractère totalement ridicule de la situation, et laissa échapper une grimace discrète. Déranger un voisin à cette heure ci pour du sel. N'importe quoi. Mais bon, après tout, Aisling n'était pas reconnue pour avoir un comportement normal. D'accord, elle venait l'embêter dès son premier jour en tant que voisine. Mais elle n'avait pas l'intention de l'embêter à nouveau par la suite. Parce que, franchement, il ne pouvait pas savoir à quel point cela l'embêtait, elle. Parce que si c'était pour devoir le saluer tous les jours, et être invitée à la fête des voisins ou toute autre débilité du genre, merci bien.
Allez, voisin. Réponds, donne moi du sel, et on en reste là. Promis. Parce que là, je commence déjà à en avoir marre. Imagine si ça dure.

[Cheveu châtains! ;) Tu rp avec Andrew là! ;) XD ]

La demoiselle sembla intrigué par celui qui se tenait devant elle. Andrew soupira et écouta ce qu'elle avait à dire. Sa raison de venir. Du sel. C'était une blague? Tout ça pour du sel? C'était impossible. À cette heure là? Ne pouvait-elle pas attendre l'aube pour aller s'en acheter au marché? Il fronça un peu les sourcils. Elle devait avoir une autre raison. La demoiselle semblait légèrement impatiente. À la limite de l'agressivité. Andrew la regarda encore un long moment, laissant passer un long et étrange silence. La porte était toujours ouverte, assez pour pouvoir y glisser la tête. Et la main du jeune homme était toujours sur son arme. Au bout d'un moment, il se crispa. Elle n'était sûrement pas là pour du sel. Il tenta de remarquer quelque chose chez elle qui pourrait la trahir. Un geste, un habit. Peut-être était-elle là pour trouver quelque chose de louche chez lui afin qu'il aille en prison? Il la fixa alors dans les yeux et déclara durement:
-Va falloir que tu demandes mieux que ça. Et puis tu n'as rien trouvé de mieux?
En effet, la demoiselle avait été assez brusque. Bonsoir, s'il vous plait, merci, rien de tout cela n'aurait été de trop. Se présenter. Enfin, il y avait quelque chose de louche derrière cette histoire. Sa raison ne tenait aucunement debout. Le jeune infirmier se redressa et laissa son regard sur elle en poussant un bref soupire.
-C'est quoi? Ta vraie raison? Pourquoi viens-tu cogner à ma porte?
Elle devait avoir une raison autre. Mais plus le temps passait, plus l'odeur de parfum dans la maison, laissait place à l'odeur assez distinctive de la drogue. Il espérait seulement que cette odeur ne se dirige pas tout de suite dans le corridor qui reliait les appartements.
*Allez... Dis moi ta vraie raison qu'on en finisse... *
Lui aussi s'impatientait. Il avait les nerfs à vif. Plus tôt, aujourd'hui, un voisin était venu lui souhaiter la bienvenue. Ça faisait environ une ou deux semaines qu'il s'était installé, mais il y avait des retardataires. Et puis, il avait fallu qu'il fasse tout pour convaincre le voisin de sortir de chez lui. Mais elle, avec ces allures un peu masculine et légèrement sombre, ne lui disait rien de bon. Il faut dire, que lui aussi avait des allures sombres par moment. Le caractère un peu franc d'Andy était assez louche, mais il n'avait pas la force de le cacher ce soir. Il était épuisé et rêvait seulement de son lit. Le déménagement, le nouvel aménagement pour ses plans, son boulot qui n'était qu'une façade, l'adaptation, tout cela, lui enlevait de nombreuses heures de sommeil. En fait, ça faisait au moins une semaine qu'il n'avait pas eu de VRAIE nuit de sommeil. C'était à peine s'il tenait encore debout. Rien d'étonnant à ce qu'il se soit endormi tout à l'heure. Et puis, il devait paraître assez mal. Il portait son vieux T-Shirt gris qu'il avait l'habitude de prendre pour aller travailler avec ses plantations, portait aussi un vieux jogging sombre. Ses cheveux étaient assez décoiffé et les cernes trahissaient ces courtes nuits. Tout ça, était ajouté à son air naturellement sérieux et sombre.

[Châtain clair alors hein... parce que moi je vois ça blond... et puis c'est en noir et blanc, j'suis pas aidée xD mais j'suis nulle avec les cheveux... je sais juste reconnaître le brun, quoi...]

La jeune fille soupira à nouveau. Ouais, elle aurait dû aller de l'autre côté. C'était pas exactement la bonne porte. Elle croisa les bras, observa le jeune homme un moment. C'était donc ça, elle était tombée sur le malade de l'immeuble. Le parano. Décidément, il fallait toujours quelque chose pour assombrir le tableau. Elle qui pensait être tranquille, elle s'attendait déjà à l'entendre hurler à deux heures du matin « Je sais que vous êtes là ! » et taper contre les murs. Elle faillit tirer la langue, mais se rappela que cette habitude lui avait déjà valu de devoir esquiver une gifle ou deux. Alors, elle se contenta de le regarder. Un sourire narquois étira lentement ses lèvres. Mon pauvre vieux...

- Bonsoir. Je viens d'emménager. Là, juste à côté. Et j'ai oublié d'acheter le sel. J'ai rien mangé depuis ce matin. Et j'ai encore assez de fierté pour ne pas m'abaisser à manger des pâtes sans sel.

Elle avait débité cette tirade sur un ton calme, et pourtant, sa voix était plus sombre que d'habitude. Peut-être pour cacher son énervement. Non, vraiment, pour qui la prenait-il ? Elle ne demandait pas non plus qu'il lui prête de l'argent, juste un peu de sel, mince à la fin ! Mais bon, mieux valait ne pas commencer la guerre froide dans l'immeuble. Elle n'avait pas les moyens de payer plus de chauffage. Elle décroisa les bras, se rendant compte qu'il s'agissait d'une attitude agressive. Qui le lui avait dit, déjà ? Une prof. Longtemps auparavant. Elle ne l'avait jamais aimée, d'ailleurs. Et la réciproque était vraie. Un peu comme elle imaginait sa relation à venir avec son nouveau voisin. Allez, un nouveau type à classer dans la catégorie « A peine bonjour ». Ce n'était pas ainsi qu'elle allait réussir à monter un groupe.

[Désolée, j'ai un petit soucis d'inspiration, là xD]

[Châtain clair en effet. Mais pas blond xD Si tu veux, je te donne un cour pour reconnaître la couleur des cheveux xDD ]

L'inconnue sembla soudainement amusée. Comme si elle s'était dit quelque chose. Comme si elle avait jugé quelque chose sur lui. Ce qui, une fois de plus, mit Andrew sur ces gardes. Elle souriait maintenant. Il n'y avait rien de drôle. Intérieurement, le jeune homme grogna un peu. Une fois de plus, la demoiselle lui dit qu'elle était là pour du sel. Qu'elle venait d'emménager. À côté. Super! Une nouvelle assez casse-pied à côté de chez lui. Une chose était claire, elle n'allait pas se faire d'amie facilement! Elle lui dit ne rien avoir manger depuis ce matin. Si elle aurait été un peu plus ouverte dès le début, il lui aurait sans doute offert un morceau. Cependant, il ne fallait pas jouer les durs avec Andrew. C'était risqué. Du sel. C'était du n'importe quoi. Comme si ça changeait réellement quelque chose d'attendre quelques heures de plus. Il continua de la dévisager. Comme s'il attendait qu'elle crache le morceau, qui n'allait jamais venir en fin de compte. Il soupira impatiemment. Hésitant entre aller chercher ce foutu sel, de rester là à se méfier, de sortir afin que les deux jeunes adultes soient à l'extérieur de l'appartement et de pouvoir fermer la porte, ou encore, de la faire entrer, de la plaquer contre le mur et de lui mettre le fusil contre la tempe... C'était violent comme dernière option, mais il ne put s'empêcher d'imaginer le scénario. Il allait falloir qu'elle coopère un peu.
-Alors je te souhaite la bienvenue dans l'appartement ma demoiselle, mais ne t'avise pas à venir cogner chez moi à 22h pour du putain de sel. On a tous une vie, ce qui, dans ton cas, semble être axé autour d'un régime alimentaire salé.
Il la regarda d'un air septique et un peu hautain avant de soupirer pour décompresser un peu et de passer sa main dans ses cheveux pour y emmêler ses doigts un moment. Puis il les relâcha finalement avant d'ajouter durement, mais plus calme:
-C'est quoi? Ton nom?
Il n'aimait pas être dérangé durant son boulot.. Surtout pour une sottise du genre. Sans oublié la fatigue et le stress qui entrait en jeu... Il faudrait vraiment qu'il ait quelqu'un pour l'aider à son travail de producteur et dealeur. Il ne pouvait mener cela à lui seul en plus de travailler à l'école des Arts. Il lui fallait une équipe. Et une nuit pour dormir. Au moins une nuit. Il était crevé. Il resta tout de même un peu sur ses gardes, n'osant pas trop bouger, pour éviter la circulation d'air. La demoiselle allait sûrement finir par sentir cette odeur. Il ne le fallait pas. Non.

[Je vais te faire une confidence : châtain clair, pour moi, c'est blond... au même titre que blond vénitien, c'est roux...]

Du putain de sel. C'est la base de tout, mon pauvre ami ! La jeune femme serra les mâchoires, prête à lui fondre dessus. Mais ce n'était pas le moment. Et puis, elle valait mieux que ça. Elle devait faire attention. Elle avait un minimum de crédibilité à respecter, après tout. Et puis si c'était pour que le propriétaire la vire et qu'elle soit obliger de retourner chez sa tante... Merci. Bref, elle se retint de le fusiller du regard [c'est très drôle cette phrase vu que tu as un fusil dans les mains... haha...] et de lui imprimer les phalange de sa main droite dans la joue. Bon. Opération récupération. On ne sait jamais. Il allait peut-être pouvoir la dépanner à d'autres occasions. C'était mal parti, mais il fallait tout de même avouer qu'il était plus simple de demander des services à quelqu'un de sa tranche d'âge. Et avec la chance qu'elle avait, si elle tournait le dos tout de suite, elle tomberait sur une vieille mégère dans l'autre appartement. Elle ferma les yeux quelques secondes, en inspirant longuement. Elle n'avait pas le moins du monde envie de lui donner son nom.
Si tu veux savoir, t'as qu'à regarder sur les boîtes aux lettres et jouer à Qui est-ce.

- Aisling. Enchantée.

Sans même réfléchir, elle tendit la main vers le jeune homme. C'était un réflexe que les bonnes manières enseignées par sa mère lui imposaient. Elle aurait tout donné pour la retirer aussi vite, mais cela aurait paru encore plus bizarre. Dans sa tête, toutes les insultes du monde fusaient à son encontre. Elle se comportait comme une idiote. Bonjour la crédibilité, effectivement. Et si quelqu'un avait pu lire dans ses pensées, cela aurait été pire encore. Et le pire dans cette histoire, c'était qu'elle n'était même pas enchantée de le rencontrer. Elle aurait eu meilleur temps d'appeler un livreur de pizza. Après tout, à New York, certains devaient être ouverts toute la nuit, non ? Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Ah oui. Son porte-monnaie. Acheter de quoi aménager un appartement, ce n'est pas à proprement parler un petit investissement.

[J'aime ta signa! *.* Tu fais avec photoshop?? Blond vénitien? Jamais entendu parler. Mais je trouve que ça dépend de l'éclairage XD J'ai bien ris la petite phrase "fusiller du regard " XDD]

Le jeune homme remarqua bien que cette voisine sembla énervé au moment où lui-même s'était énervé. Cependant, elle finit au bout d'un moment, tout comme lui, par se calmer. Il faut croire qu'ils furent sur la même longueur d'onde pendant un moment. Au final, elle se présenta comme étant Aisling. Puis elle tendit la main. Geste que le jeune homme regarda de façon étonné et un peu perturbé. Pourquoi ce soudain changement de comportement? Peut-être était-elle bipolaire. Peu importe. Il hésita un moment, comme pour faire durer l'humiliation, bien que ce n'était pas dans ses intentions. Finalement, il retira la main de sur son arme et saisit froidement la main de sa voisine. Avec ce geste, il fut obligé d'ouvrir un peu plus grand et il se maudit de ne pas avoir prit soin de refermer la porte de ses plantations. L'odeur avait aisément eu le temps de se rendre jusqu'ici. D'un ton calme, mais ferme, il déclara simplement, sans grande conviction:
-Andy.
Son nom était Andrew, mais il préférait largement se faire appeler ainsi. Il resta ainsi, un autre long moment, détaillant cette demoiselle au caractère changeant comme le vent. Malgré tout, il soupira, laissa la porte légèrement entre ouverte et quitta le cadrage de celle-ci pour aller dans la cuisine. Il sorti un contenant vide et le rempli de sel. Cause de tout ce qui arriva, on dirait. Il revint au pied de la porte et le tendit à la demoiselle. Sans un sourire, ni rien. Au bout de quelques secondes, il la regarda dans les yeux et dit avec un sourire provocateur et exagération:
-J'espère qu'il sera à ton gout!
Que tout cela en ait valu la peine. Il allait lui fermer la porte tout bonnement, comme ça, au visage, mais retint la demoiselle un peu plus longtemps.
-Oh et ne t'en fais pas si tu entends encore du bruit jusqu'à trois heures du matin. J'ai... Des choses... À faire.
Il la regarda un moment, attendant d'avoir une réponse ou un geste qui mettrait fin à cette rencontre plus ou moins agréable.

[Photoshop, oui ^.^ attends toi à voir d'autres phrases stupides du genre...]

La jeune femme se rendit bien compte que son geste était déplacé. Mais bon, que voulez-vous faire. Tout ce qu'on commence doit être terminé. C'est la moindre des choses. Le contact de la main du jeune homme étrange. Un peu moite. Drôle de bonhomme. Évidemment, la jeune femme sentit cette étrange odeur. Mais franchement, ce n'était pas son problème. Elle avait senti cette odeur un nombre de fois incroyable. N'a pas passé son adolescence dans les mauvais quartiers de Dublin qui veut. S'il était inquiet à cause de ce genre de choses, il ne savait pas à qui il avait affaire.
Andy, donc. Andy quitta l'encadrement de la porte. C'est un test ? Tu crois que je vais rentrer chez toi, regarder dans ton appartement, ou quoi que ce soit ? Mon pauvre ami, mon pauvre ami... c'était mal connaître Aisling. Pour le coup, il n'aurait pas pu rêver d'une voisine moins dangereuse qu'elle. Il faisait bien ce qu'il voulait, après tout. Tant qu'il ne lui demandait pas de s'en occuper pendant les vacances. Le jeune homme revint, et lui tendit le récipient, qu'elle attrapa prestement. Puis, il la regarda dans les yeux. Elle avait presque envie de rire. De se moquer de lui. Elle n'allait pas être impressionnée par deux pauvres yeux. Elle avait vu beaucoup plus impressionnant. Le regard de son frère à la sortie du pub. Ça, c'était du regard de tueur. Elle sourit cependant lorsqu'il lui annonça qu'elle entendrait des bruits jusque tard.

- Merci. Je te revaudrais ça. Et ne t'inquiète pas pour le bruit. Je répète jusqu'à très tard. Si tu as besoin d'un café après ton boulot, tape à ma porte. Il paraît que je le fais bien. Ça remboursera la dette.

Elle inclina la tête. Une habitude tenue de son père, cette fois. Les vieux us des pays lointains. Et, comme on le lui avait appris, elle attendit que le jeune homme lui indique de partir. Juste un geste, un mot, ou quoique ce soit.

Il vit bien que la demoiselle sembla vouloir rire lorsqu'elle croisa son regard, mais le jeune homme n'en fit rien. En fait, il s'en fichait éperdument. Il avait d'autre chat à fouetter pour le moment. Elle lui dit alors de ne pas s'en faire pour le bruit. Qu'elle répétait très tard. Andrew se dit alors qu'elle était sans doute en musique. Ou en danse. Quelque chose dans le genre. Au moins, elle lui avait dit merci. C'était mieux que rien. En fait, la demoiselle qui avait froide et même désagréable au début, n'était pas si terrible que ça. Le jeune dealeur avait eu bien du plaisir. Même si c'était sans doute un plaisir mal sain, vue leur relation. En fait, il s'amusait à la taquiner un peu. Elle l'invita aussi a passer après son boulot, prendre un café. Il en resta surpris un moment. Il ne s'attendait pas à une telle invitation. Il faut croire qu'elle voulait régler sa dette. Mais personnellement, elle n'avait pas besoin de faire une telle chose. C'était normal, après tout, de s'aider entre voisin. Il lui offrit un mince sourire. À peine perceptible. Comme une illusion et déclara d'un ton un peu plus léger:
-Je ne suis pas très... Café. Mais je vais y penser. Merci de l'offre.
Il resta comme ça un autre moment, attendant une fois plus, laissant un court silence se former. Puis finalement, il déclara:
-Alors... À plus tard... J'imagine.
La façon dont avait évolué leur relation était tout à fait étrange. Mais le jeune homme avait une envie soudaine d'apprendre à mieux la connaître. Il avait l'impression que cette Aisling débordait de surprise et qu'au fond, c'était quelqu'un de bien. Tout comme lui... Il soupira légèrement.

[On continue ce RP ou on en fait un autre?? Parce que si on continue, on pourrait faire nos choses chacun de notre côté puis se revoir pour le "café"! ;P ]

[Bah on a qu'à continuer, tant qu'à faire..]

Aisling haussa les épaules. Elle ne voyait pas comment on pouvait ne pas aimer le café. Sans cela, elle n'aurait jamais tenu le coup jusqu'alors. Mais bon, les goûts et les couleurs. Après tout, à la base, ce bonhomme n'était déjà pas à proprement parler le genre de bonhomme avec qui elle avait l'habitude de parler. Soudain, quelque chose se déclencha dans la tête de la jeune femme. L'alarme nicotine. Cette foutue alarme nicotine. Alors à bat les politesses. Ce serait à elle de partir en premier, puisqu'il n'avait pas l'air décidé à fermer sa porte.

- Frappe fort, si tu passes. Sinon je risquerais de ne pas t'entendre.

Elle lui adressa un léger sourire crispé de circonstances, puis s'éloigna. Elle pénétra dans son appartement en hâte, et observa l'horloge aux chiffres luminescents au-dessus de la télévision. 22H08. Elle n'avait pas dépassé le cap des dix minutes. Et de toutes manières, elle ne pensait pas qu'il reviendrait ce soir-là. Alors, elle se dirigea vers la cuisine, et entreprit de préparer son dîner tardif. Des pâtes à la carbonara. La vie, en somme.

[A toi d'jouer !]

La demoiselle lui dit de cogner fort. Ce à quoi il hocha simplement la tête en souriant. Lorsqu'elle tourna les talons, le jeune homme ferma la porte et retourna à ses affaires, verrouillant la porte d'entrée, reposant l'arme à feu sur le comptoir, et se dirigeant dans la pièce "verte" où il termina son travail. Tout se passa très bien, mise à part la fatigue qu'il accumula de plus. Il termina le tout vers 2h38 du matin. Il regarda sa montre. Avait-il le droit d'aller chez quelqu'un aussi tard pour prendre un café? Il haussa les épaules, comme pour lui-même et se dit qu'après tout, il verrait si elle était encore debout. Et puis il était certain de ne pas pouvoir dormir de si-tôt. Il faisait un peu d'insomnie pour couronner le tout. Remarquant que son T-Shirt gris était souillé de terre et de produit chimique et que ces joggings étaient plus sale qu'à l'habitude, il fit tout de même un saut dans la douche. Il en sorti au bout de cinq minutes, enfila un jeans propre ainsi qu'un T-shirt avec un motif dessus. Rien de très complexe. Finalement, vers 3h exactement, il alla silencieusement vers la porte de sa voisine, prenant bien soin d'avoir verrouillé sa propre porte avant d'y aller, puis écouta un peu. Il lui sembla entendre quelque chose. Ne serait-ce qu'un murmure. En fait, il en vint même à se demander s'il avait imaginé ce bruit. Peut-être dormait-elle? Il prit tout de même un risque, frappant la porte de façon hésitante. Faiblement. Il ne voulait pas prendre la chance de la réveiller. Déjà qu'elle était un peu rude en temps normal, il ne s'imaginait même pas à quoi elle devait sembler au réveille. Il cogna une deuxième fois en peu de temps. Pour être sûr. En fait il ne fut même pas sûr d'avoir vraiment frappé la première fois. Il attendit finalement, voir si quelqu'un allait se pointer.

Par chance pour le jeune homme, Aisling venait de retirer son casque audio. Assise par terre comme elle l'avait toujours fait, elle attrapa le carnet posé sur son ampli, et y apposa les dernières notes. Elle avait tendance à composer un nombre incroyable de chansons, mais n'était jamais satisfaite. Enfin, toujours est-il qu'à peine la note finale imprimée sur la feuille, la jeune fille entendit frapper à sa porte. Ou peut-être était-ce simplement une illusion. Elle se leva tout de même doucement, déposa sa guitare contre le mur, étira ses bras, et s'immobilisa. On frappa à nouveau à la porte. Elle jeta un œil à l'horloge : trois heures du matin, plus ou moins. Le voisin. Elle avait totalement oublié.
Et franchement, Aisling n'était pas à proprement parler présentable. Une énorme barrette verte dans les cheveux pour les empêcher de passer devant son visage, un vieux t-shirt blanc à l'effigie d'un groupe oublié depuis longtemps, un jean troué... et même pas de chaussettes. Et en plus, elle avait ses lunettes sur le nez. Bref, rien de très sympathique à voir. Mais en même temps, à trois heures du matin, ce genre de choses importent peu, n'est-ce pas ? C'était le moment qu'elle préférait. La nuit profonde. Entre minuit et sept heures du matin. Le calme, le silence. Et surtout, l'assurance que personne ne viendrait la déranger. Sauf qu'elle avait eu l'idée lumineuse de l'inviter. Bien joué.
La jeune femme se dirigea vers la porte, mais hésita cependant un instant. Et si elle faisait tout simplement comme si elle n'était pas là ? Non. Cela ne se faisait pas. Elle l'avait invité. Et elle avait une dette envers lui. Elle ouvrit donc lentement la porte, et passa la tête à l'extérieur. C'était bien lui. En même temps, cela ne pouvait être personne d'autre.

- Ah, toi. Entre.

Cela pouvait paraître totalement insensé de sa part, mais la jeune femme ne se posa pas la moindre question quant à faire entrer dans son nouvel appartement un homme qu'elle ne connaissait que depuis quelques heures. Et qui, au final, ne lui avait pas vraiment fait bonne impression. Toujours est-il qu'elle ouvrit la porte en grand, et fit signe au jeune homme d'entrer, sans pour autant lui lancer le moindre regard. Non qu'elle avait honte de sa tenue, mais elle était encore perdue dans son activité précédente. Et honnêtement, elle aurait préféré pouvoir continuer. Elle n'était pas du tout fatiguée, et pensait mettre cette énergie au service de la musique.

La porte mit du temps à s'ouvrir, et lorsqu'elle s'ouvrit, c'était sur le visage de la demoiselle qui semblait s'être sorti d'une activité qui demandait une certaine concentration. Un genre d'isolation. Elle lui dit d'entrer, d'un ton neutre, presque déçu, ce qui fit sourire le jeune homme. Mais seulement à l'intérieur. Il n'extériorisait que rarement ses sentiments... La plupart du temps, lorsqu'il était "stone". Il entra donc silencieusement et contemplant en un bref coup d'oeil, l'appartement de Aisling. C'était une musicienne. Ça se voyait. Une guitare, des feuilles de partitions ici et là. Tandis que lorsqu'on entrait chez Andrew, on ne pouvait rien voir de qui il était. Ni quelque chose lié à sa profession d'infirmier, ni à celle de dealer ou de producteur. Il resta debout un moment, promenant son regard à gauche et à droite. Finalement, après un court silence où un malaise s'installa chez lui, il déclara:
-Tu sais, tu n'étais pas obligé de m'inviter chez toi. Du sel, ce n'est rien. Je veux dire, tu ne me dois rien.
Il posa son regard sur elle, ne sachant quoi faire de son corps. Il devrait peut-être aller dormir. Mais s'il avait une chance de connaître un peu plus sa voisine, alors il la saisirait. Il n'aimait pas avoir de problème. Ironique, venant de la part d'un dealeur. Il soupira subtilement et remarqua un carnet sur un amplificateur de son. Il saisit celui-ci et y jeta un oeil. Enfin, il releva son regard sur elle, un peu surpris.
-C'est quoi qui a écrit ça?! C'est excellent!
Il remit le carnet à sa place et se retourna vers la jeune femme. Il sourit légèrement et dit d'un ton un peu blagueur:
-Alors? Tu me l'offre ce café?

Aisling observa le jeune homme du coin de l'œil, tout en refermant la porte. Elle savait qu'elle aurait dû ranger un peu ses affaires. Mais qui aurait cru qu'il allait s'y intéresser. Elle ne répondit pas à sa première exclamation. De toutes manières, il n'y avait rien à répondre : elle l'avait invité, elle ne pouvait plus revenir en arrière. Elle avait sûrement fait une erreur, oui. Mais elle n'était pas du genre à se plaindre, et savait qu'elle allait devoir endurer tout cela. Naturellement, elle se dirigea vers la cuisine. Pendant la soirée, elle avait ) plusieurs reprises mis sa cafetière, à l'italienne bien sûr, sur le feu. Elle commençait à peine à vider le marc restant dans un sac qu'elle n'utilisait qu'à cet effet lorsqu'Andy parla de sa partition. Elle laissa donc tout en plan et fit quelques pas en direction du jeune homme. A dire vrai, elle était un peu énervée. Plus contre elle-même que contre lui, mais tout de même.

- Il arrive. Et ça... c'est juste... rien. D'autres font bien mieux.

D'autres. Comme son frère. Mais bon, après tout, elle ne travaillait que pour cela. Pour égaler son frère. Pour qu'il soit fier d'elle. Toujours est-il qu'elle tourna subitement le dos, retourna à la cuisine, et commença à préparer le café. Une fois le tout sur le feu, elle retourna dans le salon, prit son paquet de cigarette sur la table basse, et en alluma une. Puis, elle leva les yeux vers Andy.

- Cigarette ?

Décidément, la damoiselle Kim faisait preuve d'une incroyable gentillesse ce soir-là. Comme si déménager l'avait fait changer un peu. Oh, pas tellement. Pour sa défense, emménager seule pour la première fois était une expérience relativement perturbante. Non parce que la véritable Aisling Kim, elle, n'aurait jamais proposé ni café, ni cigarette à un inconnu. À qui que ce soit, en fait.

Lorsqu'il passa la remarque sur la partition, Aisling sembla énervée un moment et déclara d'une façon mal adroite que d'autre faisait mieux. Il ne répondit rien, comprenant que c'était un sujet tabou. Peut-être un genre de complexe? Qui sait. Elle fit quelques allés retour dans la cuisine et revint finalement au salon avec des cigarettes. Chose qu'elle lui proposa. Le jeune homme répondit du tac au tac:
-Euh.. Non. Merci. Je ne fume pas.
Il sourit un peu. Il ne fumait pas. En tout cas, pas ce genre de trucs. Lorsqu'il prenait quelque chose, c'était de l'herbe. Rien de plus. Cependant, il se voyait mal lui dire: "Non, mais si t'as un joint, alors d'accord. " De toute façon, il ne fumait que très rarement. Le jeune homme laissa un autre bref silence passé, reconnaissant de la soudaine gentillesse de la part de Aisling. Il tourna un peu en rond dans le salon, prenant soin de repérer des détails, des choses qui lui permettrait d'en apprendre plus sur elle. Elle semblait être expressive dans ce qu'elle faisait. L'univers qui l'entourait semblait refléter son intérieur. Et pourtant, elle, en tant que sa personne, semblait porter un masque pour cacher des choses pas super. Chaque personne avait ses secrets. Lui-même, était déménagé suite à la mort de celle qu'il aimait. Puis il avait tombé dans des histoires de drogues. Au moins, ça l'occupait.
-Au fait, j'ai un petit surplus... Pour le café.
Il porta son attention sur la demoiselle et sorti de sa poche une petite bouteille d'alcool. Un alcool qui s'harmonisait parfaitement dans un café. Il ne savait pas s'il devait. Si c'était trop tôt ou si la demoiselle allait le mettre à la porte à cet instant, mais il tenta quelque chose. Et puis, un peu d'alcool était toujours agréable. Alors, impatient, il surveilla sa réaction.

[Déso, pas plus d'inspi]

Aisling haussa à nouveau les épaules, et balança son paquet de cigarette sur la table basse. Au moins, c'était une cigarette de sauvegardée. Toujours est-il que lorsqu'Andy sortit sa bouteille d'alcool, ce fut un véritable sourire, certes en coin, mais tout de même franc, qui illumina le visage de la jeune femme. Alcool. Justement ce dont elle avait besoin. Finalement, plutôt utile le voisin. Elle lui fit signe de s'assoir sur le canapé, qui malgré son âge indéterminé restait tout de même bien confortable, et, toujours la cigarette entre les lèvres, se dirigea vers la cuisine en silence. Elle sortit deux tasses dépareillées, les remplit toutes deux aux trois quarts - il fallait laisser un minimum de place pour le petit plus, tout de même. Elle revint dans le salon, déposa les deux tasses sur la table basse, puis observa Andy un moment.
Il fallait tout de même qu'elle se regroupe. Qu'elle intègre bien ce que faisait cet inconnu - ou presque - chez elle à cette heure-ci. Mais elle n'eut même pas le temps d'essayer : subitement, son téléphone se mit à sonner. A cette heure-ci ? Elle regarda l'horloge et fronça les sourcils. Elle attrapa son téléphone, posé près de la télévision, et l'éteignit sans même répondre. Ce n'était pas le moment de répondre. Et elle n'avait pas envie de parler à celui qui l'appelait. Elle se contenta donc de se retourner vers Andy, et d'annoncer avec un léger sourire :

- Je t'inviterais peut-être encore une fois. Si ça me donne droit à de l'alcool, je veux bien supporter ta présence.

Suite à cette déclaration relativement mitigée, elle prit place sur le canapé, et s'installa, comme d'habitude, les pieds sur la table basse, comme une adolescente attardée. C'était l'effet console portable : cette position était sans aucun doute possible la plus confortable pour se lancer dans un bon RPG. Même si la plupart du temps, elle finissait complètement étalée sur le lit, dans des positions plutôt impobrables. Mais étant données les circonstances, elle allait faire un effort pour cette fois. Quelle chance tu as, Andy.

- Bon. Je suppose qu'on va devoir parler de trucs comme « D'où viens-tu », « Qu'est-ce que tu fais dans la vie »... ce genre de trucs, pas vrai ?

Et franchement, elle n'en avait pas vraiment envie. Mais bien sûr, cela fut gardé sous silence. Un peu de respect pour l'homme à la bouteille.

[pas beaucoup non plus ^^']

[XDD L'homme à la bouteille... XD ]

Lorsqu'il sorti sa bouteille, un sourire illumina le visage sérieux de la demoiselle et cela fit plaisir au jeune homme. Elle ramena deux tasses au bout d'un moment et invita Andrew à s'asseoir sur la canapé, ce qu'il fit sans demander son reste. Elle déposa sur la table basse, les deux tasses. Andy ouvrit alors la bouteille et remplit le vide qu'avait été laissé volontairement dans les tasses. Ça allait être délicieux. C'était certain. Aisling sembla porter une attention particulière aux gestes et mouvements du jeune homme, jusqu'à ce que son téléphone sonne. Andrew en fut plus qu'étonné. Elle l'éteignit sans quoi que ce soit de plus. Elle ne répondit pas. Rien du tout. Puis elle déclara qu'elle l'inviterait de nouveau s'il y avait de l'alcool. Andy laissa alors un faible rire s'échapper. Rire qu'il étouffa rapidement. Alors ainsi elle marchait à l'alcool. C'était intéressant. Elle s'assit sur le canapé à son tour et Andrew prit sa tasse pour en prendre une gorgé. Le liquide chaud coula dans sa gorge et cela lui fit du bien. Ensuite, elle dit qu'ils devraient sans doute parler de question de banalité. Mais à vrai dire, c'était l'une des choses qu'il aurait préféré évité. Il remarqua le ton légèrement sarcastique de sa voisine et en profita alors. Toute bonne perche devait être saisit. Il l'avait comprit avec elle.
-Non. Passons ces questions du genre. On s'en fou.
Et puis il n'avait pas envie de raconter d'où il venait. Pourquoi il avait changé d'école et surtout ce qu'il faisait dans la vie. Il se voyait mal dire à la nouvelle connaissance qu'il s'était fait: "Oh je viens d'une autre ville, j'ai déménagé parce que ma copine, celle que je voulais épousé, est morte dans une fâcheuse accident de voiture. Par la suite, je me suis mis à consommer un peu, mais je me suis rapidement jeter dans la production, trouvant que c'était mieux. Puis finalement, je vends. C'est quand même plaisant. Ah et j'oubliais, infirmier de l'école des Arts n'est qu'une façade et ma plantation réside dans l'appartement d'à côté. C'est à dire, dans le mien." Par contre, il aurait bien voulu lui dire: "Dis moi plutôt ce qui t'attire dans la musique? Qu'est-ce qui te pousse à te lancer là dedans?" . Cependant, il se rappela que le sujet, évoqué un peu plus tôt, avait créé une genre de frustration chez elle. Il dit alors:
-On peut parler de ce que tu veux. Tu peux aussi retourner faire ce que tu faisais avant mon arrivé. Te remettre à ta musique, quitter notre monde et m'oublier un instant.
Il se doutait bien qu'elle était en train de faire de la musique avant son arrivé. Et puis, il aurait bien envie de l'entendre jouer un peu.

La jeune femme se sentit soulagée. Elle n'avait pas non plus envie de parler de sa vie. « J'ai été envoyée ici parce que mon frère a défoncé la tête d'un type à coups de bouteille et qu'il est en taule, mes parents ont eu peur que je suive ses traces. Je déteste cette ville, mais l'avantage, c'est que je rencontrerais jamais l'enfant illégitime de mon père ici. Oh, et mon seul but dans la vie, c'est de devenir une star de la guitare avant que mon frère sorte de prison, pour qu'il soit fier de moi, parce que c'est l'homme le plus exceptionnel du monde, et c'est même pour ça que je ressemble à un mec, mais de toutes façons, je ne lui arrive pas à la cheville, alors pour oublier, je bois de l'alcool, beaucoup d'alcool. Sinon, j'ai plein de dessins bien sanglants et glauques à souhait en rayon, si ça t'intéresse. ». Elle attrapa sa tasse à son tour, et en vida presque un quart en une seule gorgée. Comment ça, le café est brulant ? Même pas peur. Question d'habitude. N'est pas caféinomane qui veut, n'est-ce pas ?
Se remettre à ce qu'elle faisait avant ? Dis donc bonhomme, t'as pas un peu l'impression d'en demander beaucoup ? Aisling Kim ne joue pas pour une seule personne. Jamais. Cela n'aurait pas le moindre intérêt, enfin. Après tout, ce n'est pas toi qui va me faire monter dans le monde de la musique, t'as pas vraiment le physique de l'emploi. Elle se contenta d'écraser sa cigarette, puis de se caler à nouveau bien confortablement contre le dossier du canapé, et ferma les yeux un moment. Et, sans même les ouvrir à nouveau, elle murmura :

- C'est pas pour te vexer. Mais je jouerais pour toi le jour où tu travailleras pour une maison de disque. Ou le jour où je serais vraiment bourrée.

Bien sûr, cela était aussi une invitation à la consommation d'alcool. Mais elle avait une telle tenue à l'alcool qu'elle ne s'inquiétait pas quant au fait de finir éventuellement complètement saoul. Cela ne lui était arrivé qu'une seule fois, la première fois qu'elle avait bu à outrance. Ensuite, plus rien. De ce côté, elle n'avait sûrement pas pris les gènes Coréen de son père, loin de là.
Elle finit par ouvrir les yeux, et passa sa main libre dans ses cheveux. Elle se rendit alors compte qu'elle portait toujours cette ridicule barrette verte. Elle grimaça, et la retira. Comme de juste, sa coiffure ne ressemblait plus à rien. Mais sur des cheveux courts comme les siens, finalement, ce n'était pas trop grave. Elle tourna la tête vers Andy, et ne pu que lever un sourcil, comme une provocation. Alors, bonhomme, tu relève le défi ?

Aisling refusa rapidement son offre. Elle ferma les yeux et déclara qu'elle ne jouerait pas pour lui tant qu'il ne ferait pas parti d'une maison de disque ou un truc du genre. Ce à quoi, le jeune homme sourit un peu. Elle parla aussi d'alcool. Évidemment. Andrew ne savait plus trop sur quel pied danser avec elle. Il avait l'impression de monter dans son estime, puis d'une minute à l'autre, un mot, rien qu'un mot, pouvait tout faire basculer et recommencer à zéro. Il soupira et se contenta de se caler dans le canapé et buvant son café. Il remarqua aussi que la demoiselle buvait aussi vite qu'un trou. Il se demandait bien pourquoi elle buvait autant. Elle semblait être légèrement fanatique de l'alcool. Il remarqua son léger haussement de sourcils, comme pour voir s'il allait relever le défi. Cependant, il n'était pas certain d'y arriver. Si elle buvait autant d'alcool qu'elle l'admirait, elle devait sans doute une résistance sans faille face à celui-ci. Andrew hésita. Il hésita fortement. Il y avait autre chose. Autre chose qu'il pourrait lui proposer. C'était risqué. Il pourrait sortir aussi vite qu'il était entré. Il décida finalement de ce ravisé, mais s'imagina bien la scène: "Y'a autre chose qui pourrait te faire changer d'idée.. " . Il soupira légèrement et déclara au bout d'un moment, comme si rien ne s'était passé:
-Alors? Que consommes-tu de plus que la cigarette, l'alcool et la musique?
C'était une question ouverte. Elle pourrait répondre la drogue, comme une autre passion, par exemple les arts plastiques. Il voulait en savoir plus, oui, savoir si la porte était ouverte pour ça. Mais en second plan, il voulait connaitre sa personne. L'amener à parler de quelque chose qui la passionnait, sous ce masque de fille forte et intouchable. Il pourrait l'amener un jour dans un bar. Il le connaissait bien. Il y avait toujours un groupe qui y jouait et puis l'alcool était excellent. Pendant un instant, une idée lui vint en tête. Il garda tout de même cette idée. Pour plus tard. Ce serait parfait. Une ouverture parfaite qui amènerait sans doute la demoiselle à s'extériorisé un peu plus. Au moins, elle avait une façon de s'exprimer. L'art, quel qu'il soit, était toujours un bon moyen.

Aisling sourit à nouveau. Elle se rappela l'odeur qu'elle avait senti dans l'appartement du jeune homme. L'ingrédient essentiel de la cigarette du bonheur. En même temps, une odeur pareille, difficile de se tromper. Mais honnêtement, ce n'était pas son délire. Elle avait déjà pas mal de vices, mais celui-ci n'en faisait pas partie - sans quoi son espérance de vie en aurait été considérablement réduite. Déjà qu'elle ne pensait pas dépasser les cinquante ans... Enfin, bref. Elle toussota, puis rabattit ses jambes pour s'asseoir en tailleur. Oui, vraiment, l'adolescente attardée dans toute sa splendeur. Le parfum de son invité était étrange. Pourquoi avait-elle remarqué une chose pareille, mystère. Toujours est-il que ce parfum étrange la perturbait. Elle n'arrivait pas bien à définir de quoi il s'agissait. Bon, il lui avait posé une question. Bien sûr, elle savait que sa réponse allait peut-être être un peu trop directe, mais en même temps, elle ne voyait aucune raison de ménager Andy. Il lui avait sans doute posé la question pour cette raison, et elle allait donc lui répondre honnêtement. Sur un ton laconique, elle répondit donc :

- Tu sais, certaines odeurs sont reconnaissables. Je ne suis pas adepte, mais si tu veux te faire plaisir, vas-y.

De toutes les manières, d'ici à ce que quelqu'un d'autre remette les pieds dans cette appartement, l'odeur aurait totalement disparu. Et puis, au pire, elle avait deux bouteilles pleines de soju : si l'idée lui venait de finir effectivement un peu à l'ouest elle aussi, elle avait largement de quoi faire. Parce que tout de même : après une telle quantité, même si elle n'était pas vraiment saoule, elle devait bien avouer que parfois, les mots sortaient un peu comme ils le décidaient, sans lui demander son avis. Et oui, les mots sont fourbes.
Aisling se pencha afin d'attraper son paquet de cigarettes. Elle n'en alluma pas, tout de même, elle venait d'en terminer une, mais elle le cala à côté d'elle, histoire qu'il soit à portée de main. Elle n'était pas totalement à l'aise non plus. C'était peut-être un peu trop de nouveautés à la fois, mais elle savait que cela passerait. Quoiqu'il en soit, elle prit encore une grosse gorgée du breuvage brûlant, action qu'elle termina sur une sublime expiration indiquant clairement que, tout de même, sa glotte avait bien besoin d'un petit courant d'air.

La réponse directe de Aisling le fit s'étouffer avec la gorgé de café qu'il venait de prendre. La dernière en plus. Il toussa un moment, ne s'attendant vraiment pas à cette réponse. Enfin, il la regarda dans les yeux. Il allait falloir qu'il trouve un moyen de cacher cette foutue odeur! Il hésita un moment avant de se recaler dans le canapé.
-Je ne disais pas cela pour moi en fait. Laisse tomber.
Lui, ne consommait que très rarement, et il avait sa dose quelques jours plus tôt. C'était à peine s'il y touchait pour fumer. Il tentait toujours de se trouver des nouveaux clients. C'était son travail après tout. C'était avec ces revenus qu'il pouvait se payer tout cela. Il ne s'inquiéta pas. Sa voisine d'appartement ne sembla pas dérangé par cela. Au moins, il n'aurait pas de problème avec elle. Il doutait fort qu'elle aille se plaindre au propriétaire. Au moins, la question ne l'avait pas brusqué. Il déposa, un peu mal alaise, la tasse de café sur la table, d'une façon lente et silencieuse. Il allait devoir être plus discret la prochaine fois. Il soupira un instant, repensant à son idée. Puis il posa son regard de nouveau sur Aisling.
-Alors. Il y a un bar, pas très loin d'ici. L'alcool y est parfait. Et il y a toujours des bons groupes de musique amateurs qui y vont. Je suis un de leur client quotidien. Je ne fais pas parti d'une maison de disque, mais je sais que je pourrais te faire une place pour que tu puisses aller jouer. Et tu sais la meilleure? Ceux qui jouent, ont droit à l'alcool gratuit. Et ce, pour toute la soirée. Alors, je pourrais discuter avec le gérant de l'affaire, venter tes talents, et le tour est joué. Toi, tu t'amuses, tu fais découvrir tes talents au gens, tu prends un bon coup, pendant que moi, je fais mes petites affaires... Si tu vois ce que je veux dire. Et puis si tu as de la chance, tu tomberas sur le propriétaire d'un de ces maisons que tu désires tant.
Il lui sourit un peu et rempli sa tasse vide avec l'alcool. Pur. Il en fit de même pour la demoiselle.
-Et si tu n'as pas de groupe, je connais un excellent chanteur. Il ne resterait que le percussionniste et un bassiste, mais je crois qu'avec un peu de désir, c'est facile à trouver dans une école rempli de talent...
S'il lui proposait un groupe, c'était parce que c'était plus populaire auprès des gens qui se saoulait la gueule dans ce bar. Ou se défonçait avec de l'herbe pure... Solo était une bonne idée, mais ça tirait moins l'attention. Et la plupart du temps, les pervers en profitait pour tenter d'attirer la chanteuse ou la guitariste dans leurs lits.

Lorsque le jeune homme faillit s'étouffer, Aisling ne pu retenir un léger rire sarcastique. Elle hésita cependant à lui taper dans le dos pour faire passer sa toux. Mais il s'agissait là d'un contact physique, et il était hors de question d'en arriver là. Elle se retint donc, mais elle ne pouvait pas cacher néanmoins que la réaction d'Andy lui paraissait hilarante. Non, sérieusement. À force de vivre avec l'odeur, il s'y était sûrement habitué, mais elle était tout de même relativement... forte. Ce qui rendait sa réaction plus amusante encore.
Puis, le jeune homme lui parla de ce bar. Elle fronça les sourcils, attrapa son paquet de cigarette et commença à le triturer. Elle avait presque envie de lui demander de quoi il se mêlait. Mais bon, cela partait d'une bonne intention. Et il ne fallait pas non plus voir le mal partout, donc bon. Il n'avait aucune raison de lui dire ce genre de choses, mais aucune raison de ne pas le faire non plus. Lorsqu'il remplit sa tasse, elle l'attrapa presque immédiatement et le remercia d'un signe de tête, avant d'en prendre une gorgée. Elle fit une petite grimace, reposa sa tasse, sortit une nouvelle cigarette, mais ne l'alluma pas immédiatement. Elle se contenta de fixer Andy en plissant légèrement les yeux [parce que plus, elle y verrait plus rien, HAHA]. Elle finit tout de même par allumer sa cigarette, et annonça :

- Je ne veux que d'excellents musiciens. Mais ça m'intéresse. Enfin, je suppose que tu veux m'entendre jouer avant de te mettre en danger ta réputation, n'est-ce pas ?

Elle tira longuement sur sa cigarette, puis souffla en direction du plafond. Elle n'avait pas vraiment envie de jouer. Et monter un groupe était relativement risqué pour elle : pour parvenir à ses fins, elle devait être entourée des meilleurs, mais elle devait aussi prouver qu'elle était encore meilleure. Elle savait qu'elle était douée. C'était dans ses gènes. Même si elle n'avait pas le niveau de son frère, et qu'elle ne l'atteindrait jamais, elle savait qu'elle n'aurait jamais aucun problème à être acceptée dans un groupe. Enfin, pour ses capacités musicales, en tous les cas. Le reste risquait d'être un peu plus compliqué, il ne fallait pas se mentir.

[Grosse panne d'inspi, là xD]

Lorsqu'il s'étouffa avec sa boisson, il vit bien l'amusement que cela causa chez sa voisine et à son tour il sourit. Puis il lui parla du bar. La demoiselle semblait ambivalente. Comme si ce qu'il lui proposait avait des risques, ou que c'était un piège. Était-elle ainsi toujours sur ses gardes. En remplissant sa tasse, elle le remercia rapidement d'un geste de tête avant d'en boire une gorgée. Andrew trouva cela amusant mais n'en fit rien de plus. Au bout d'un moment, Aisling alluma une cigarette et répondit qu'elle ne voulait que les meilleurs musiciens. Andy sourit un peu. Puis elle ajouta qu'il voulait sans doute l'entendre jouer avant d'en parler au gérant. Quoi que cela aurait été naturelle, le jeune infirmier fit un signe de tête de façon négative. Il plongea ensuite ses yeux dans ceux de la demoiselle afin d'y capter la moindre réaction de ce qu'il allait dire.
-Non. Pas besoin. Je te fais confiance.
Ça allait être facile de monter un petit quelque chose. Andrew avait bien des contacts... Et puis il connaissait déjà un chanteur excellent. De plus, il se souvint qu'il voulait lui aussi, monter un groupe. À bien y réfléchir, il se rappela aussi d'un jeune bassiste dont les talents étaient surprenant. Pour le percussionniste, le chanteur saurait trouver. Il prit une gorgé de son alcool et expira un long moment en fermant les yeux.
-Alors, tout ce que tu as a faire, c'est de te pratiquer et pratiquer encore. Je vais en parler à tout ceux concerné et je te reviens avec ça le plus tôt possible. Ça te va?
Il reposa de nouveau son regard sur la demoiselle. Il était certain que cela faciliterait en plus de se faire des nouvelles connaissances... La jeune femme semblait assez dure d'approche. À moins qu'elle ait réservé ce traitement de faveur à Andrew, il avait eu bien de la misère à l'approcher. Si elle devenait plus populaire, se serait un jeu d'enfant pour elle.. Si elle décidait d'y mettre un peu du sien. De nouveau, il prit une gorgée. Il restait peut-être le quart d'alcool dans sa tasse. Il regarda celle-ci un moment, agitant le liquide dans le fond de sa tasse.

Aisling se contenta de sourire en coin. Ce bonhomme était décidément bien étrange. Lui faire confiance, à elle. Après quelques heures. Ceci étant dit, cela lui faisait relativement plaisir. Comme si quelque chose en elle montrait qu'elle était douée. D'ailleurs, elle aurait bien aimé savoir quoi. Un indice physique, ou juste sa manière d'être. En revanche, lorsqu'il parla de pratiquer et d'encore pratiquer, son sourire disparut. Comme si elle ne le savait pas. Cela faisait des années et des années qu'elle passait son temps à pratiquer. Tout son temps libre. Au dépends de ses relations sociales. Elle se rappela alors brièvement pourquoi elle n'avait aucun ami. Parce que personne n'arrivait à comprendre. Pourquoi elle passait son temps accrochée à sa guitare, pourquoi si ce n'était pas un médiator, c'était un crayon qu'elle avait dans la main. Parce que dès qu'elle le leur disait, ils avaient peur d'elle. Et elle commençait à les détester. Forcément.

- Tu ne crois pas que c'est ce que je fais ? J'ai eu le meilleur professeur qui soit. Il m'a appris comment devenir la meilleure à mon tour.

Écraser les autres sans pitié, aussi. C'était ce qu'il lui avait appris. Ne jamais se lier d'amitié avec un autre guitariste. Jamais. Ne jamais avoir de pitié. Si quelqu'un, même sans rapport avec la musique, représentait la moindre menace pour sa carrière, s'en débarrasser sans même penser au mal qu'on pourrait faire. Et ne jamais se dire qu'on ne pourra plus évoluer. Continuer, sans cesse, même lorsqu'on n'en voit pas l'intérêt. Elle ne voyait plus l'intérêt de pratiquer depuis longtemps. Elle avait l'impression de stagner depuis plus d'une année. Mais elle continuait. Parce qu'elle savait qu'elle s'améliorerait encore.
Elle coinça sa cigarette entre ses lèvres, étira ses bras au-dessus de sa tête, tira une bouffée qu'elle garda un moment avant de la recracher, attrapa sa tasse et en bu une gorgée. Le tout dans un silence religieux. Puis, elle tourna à nouveau la tête vers Andy, et ce fut à son tour de plonger ses yeux dans les siens, avant de lancer :

- Mais je te remercie. Je me demande quand même pourquoi tu ferais ça.