Quand ça veut pas, bah ça veut pas.

Encore un mauvais jour qui se profilait. En sortant de chez elle ce matin-là, Aisling avait été agressée par une vieille folle sortie de nulle part l'accusant d'être une « néo nazie hystérique lesbienne », et si elle n'avait pas déjà été en retard, elle lui aurait collé sa main de néo nazie dans la tronche, à cette malade. Bref. Ensuite, son bus avait eu vingt minutes de retard. Et son lecteur n'avait plus de batterie. Et elle n'avait plus de cigarettes. La journée ne faisait que commencer, mais à neuf heures du matin, Aisling avait déjà envie de rentrer chez elle, de se barricader et de balancer des boules puantes sur la tête des passant (… ouais…). Finalement, voyant qu'elle n'avait pas la moindre chance d'arriver à l'heure - en même temps, lorsque l'heure dite est déjà passée depuis quinze bonnes minutes, rien d'étonnant -, la jeune femme fit un détour bien mérité par le bureau de tabac, avant de s'installer bien tranquillement sur un des bancs de la cours, et d'enchaîner les cigarettes. Et oui, il lui fallait au moins ça.
Son casque vissé sur les oreilles, laissant échapper le doux son d'un bon groupe de Power Metal cher à son cœur (j'peux balancer ? Teräsbetoni !!!), la jeune femme, les yeux presque clos, attendait que le temps passe, ou plutôt, que l'heure de son prochain cours arrive. Et bien sûr, il fallut que la malchance frappe à nouveau. Elle sentit l'envie irrépressible de s'étirer, et laissa donc libre cours au caprice de son corps. Et là, c'est le drame. Petit drame pour le commun des mortels, gros drame pour Aisling Kim. Dans l'action, elle frappa directement dans quelque chose qui semblait être un corps humain, rabattit ses bras vers elle, et , comme un malheur n'arrive jamais seul, se brûla la main avec sa cigarette, qu'elle lâcha par réflexe, et qui atterrit dans un flaque d'eau à ses pieds, à peine entamée. Enfin, elle eut tout de même la présence d'esprit de lancer un agressif « Raaaaaaaaaah !!! », avant d'enchaîner, sans même se retourner vers la personne qu'elle avait inhumainement agressée, en frottant sa main brûlée sur sa veste :

- Pardon. C'est juste pas l'bon jour, faut pas s'approcher d'moi.

Andrée n'avait pas de ce matin, elle en avait seulement cette après-midi. Puisqu'elle c'était levé de bonne heure elle avait décidé d'aller faire son jogging. Elle aimait bien se garder en forme et prendre l'air tant qu'elle le pouvait. Elle mit donc ses écouteurs sur ses oreilles et commença à courir. Elle couru jusqu'à son école et décida de se reposer dans la cour d'école. Elle s'assit sur un banc puis relaxa quelques instants. Puis une jeune femme qui ne semblait pas l'avoir vue vient s'asseoir sur le même banc qu'elle. Cette fille devait avoir une vingtaine d'année et elle avait le teint d'une asiatique. Peut-être de la Corée ou du Japon, Andrée ne savais pas trop différencier les individus venant d’Asie. En fait, elle peu aussi bien ne pas venir d'Asie, Andrée n'était pas très douée pour décelé les origines des individus. Puis soudainement, la jeune femme s'étira et frappa Andrée avec sa main droite. Andrée eut mal à la joue puis la femme sembla se bruler avec sa cigarette. Puis, elle s'excusa et lui dit que ce n'était pas un bon jour pour elle.

- Ce n'est pas grave, dit-elle en se frottant la joue.

- Il y a des journées comme ça où tout va, ça arrive à tout le monde, lui dit-elle en souriant compatissante.

Aisling grommela. Elle aurait peut-être bien préféré que cette fille s'énerve, histoire de continuer sur la lancée du mauvais jour, et de pouvoir s'énerver à son tour en riposte et se mettre à hurler, ce qui l'aurait, on ne va pas sans dire, bien détendue. Mais non, il avait fallut qu'elle tombe sur quelqu'un de gentil. Pour une fois qu'elle aurait préféré le contraire ! Enfin bon. Il fallait faire avec. Elle grimaça, tout en continuant de frotter sa main endolorie sur le tissu un peu rêche de sa veste, avant de se rappeler d'un truc qui lui avait été donné quelques année auparavant par un vieux rebouteux rencontré dans un bar. Frotter la surface brûlée dans ses cheveux. Elle n'avait jamais essayé auparavant, de peur que ce conseil donné par un vieux bonhomme imbibé d'alcool ne fasse qu'empirer les choses, mais bon, tant qu'à faire, autant faire les choses mal jusqu'au bout. Elle s'exécuta donc, n'étant plus à quelques mèches en free style près, et finit tout de même par se tourner vers la jeune femme à ses côtés, à qui elle n'avait toujours pas répondu, en lançant :

- Ouais, je m'en passerais... j'aurais mieux fait de pas me réveiller ce matin.

Ou de se faire écraser par un bus, comme ça au moins, la journée aurait été mauvaise une bonne fois pour toute. Sans laisser l'espoir qu'elle puisse s'arranger. Parce qu'à tous les coups, elle allait avoir une crasse en cours - peut-être même que son prof n'était pas là et qu'elle était venue pour rien, que l'école allait brûler, qu'elle allait encore devoir attendre son bus pendant une éternité, et qu'elle allait casser une corde de sa guitare au premier accord, et qu'elle ne trouverait pas les cordes de rechange qu'elle avait toujours quelque part, mais où... bref, elle soupira longuement, arrêta de frotter sa main dans ses cheveux, prit son paquet de cigarette dans sa poche, en ralluma une, et tira aussi longuement qu'elle le put dessus. Allez, avec un peu de chance, elle allait s'étouffer, et mettre un terme à cette journée. Mais non. Même pas. Même pas ça.